Le programme présente quatre chefs-d’œuvre du répertoire symphonique et choral du romantisme allemand :
- Coriolan, ouverture op.62 de Ludwig van Beethoven (1807)
- Schicksalslied, op. 54 de Johannes Brahms (1871)
- Nachtlied, op.108 de Robert Schumann (1849)
- Nänie, op. 82 de Johannes Brahms (1881).
Au XIXe siècle, les artistes européens sont habités par une réflexion à la dimension à la fois intime et universelle concernant la condition humain, réflexion dont cette sélection d’œuvres témoigne. Les compositeurs des quatre pièces se sont respectivement inspirés des textes de l’autrichien Heinrich Joseph von Collin et des allemands Friedrich Hölderlin, Christian Friedrich Hebbel et Friedrich von Schiller.
Les quatre textes poétiques rendent compte d’une réflexion sur la notion de Destin, défini ici comme le principe régissant les relations entre la vie et la mort de l’être humain. Bien que cette réflexion soit présentée à chaque fois par des images poétiques et musicales très différentes, des traits communs apparaissent très clairement et touchent immanquablement l’intérêt et la sensibilité du lecteur et de l’auditeur. Et pour cause : héros ou anonyme, personne ne peut se soustraire à la Grande Faucheuse ni lui opposer aucune force suffisante, pas même celle pourtant démesurée de l’amour, fut-il celui d’une mère, d’une femme, d’un fils ou même d’une déesse. « Il faut que l’herbe pousse et que les enfants meurent » écrivait Victor Hugo en ce même siècle troublé, il faut que l’Homme en somme accepte en pleurant et en chantant le principe à priori inconsolable de sa finitude.
A priori nous murmure d’abord Beethoven puisque la mort peut finalement offrir l’ataraxie et l’aponia – ou la paix du corps et de l’âme – par la résolution du conflit intérieur (Coriolan), offrir la paix d’un sommeil apaisé dans la clarté d’une éternelle nuit (Nachtlied), ou offrir encore la possibilité de glorifier le héros et toute la Beauté du monde (Nänie). Enfin, et malgré le fait que le texte de Schicksalslied se termine dans l’obscurité d’un espoir défaillant, Brahms résistant à cette aspiration vers l’abîme grondante termine son œuvre avec une page lumineuse en Do majeur qui sublime la condition humaine et l’élève vers une sérénité réparatrice.
Les quatre œuvres seront interprétées par trois ensembles lausannois : le Chœur Laudate, le Chœur de la Cité et l’orchestre Sinfonietta, se rencontrant pour la première fois dans une collaboration placée sous la direction du chef de chœur et d’orchestre Roberto Rega.